lundi 1 juin 2009

Floue


Tout arrive. Même l'achat d'un Blur, à la grande surprise de mes amis - j'avais encore réussi à les estomaquer, des fois je m'épate tout seul. Alors que je croyais ce groupe perdu pour le bon goût, leur Parklife mêlant trop d'influences anglaises pour ne donner qu'une poignée de jolies pistes, il vira de bord avec ce Blur bien nommé. Sans doute perturbés par l'écoute de Pavement, et sans doute usés par la tournée d'un Great Escape vendeur mais ô combien soporifique, nos quatre Anglais décident donc, en cette fin d'année 1996, de faire du lo-fi, avec titres sales et saturation omniprésente. Mais pas que.

Plutôt que de refaire le coup de Parklife et de parodier tout ce que l'Angleterre a engendré comme styles musicaux, Albarn et ses copains s'achètent une virginité et une sincérité : autant le punk Bank Holiday semblait anecdotique et figé, autant le Chinese Bombs ici présent ressuscite le Clash des débuts. Beetlebum s'impose comme un single étonnant au riff ni trop alambiqué ni trop classique, Song 2 le rageur finira d'imposer la nouvelle image d'un groupe qui a tenté le tout pour le tout. Aucun titre superflu, chacun dans son rôle (electro, hypnotique, quasi instrumental...), chacun donnant les clés de la nouvelle demeure de Blur, du côté des Etats-Unis : même celui qui sonne le plus britpop s'appelle Look Inside America.

Non seulement ce disque est très très bon, mais en plus, il est une leçon. Il n'en est pas le seul exemple, mais il illustre parfaitement ce courage qui paie, celui de se montrer sous son vrai visage. Quitte à être flou.