dimanche 15 décembre 2013

Harry Potter and the Deathly Hallows



J'admire la série de livres des Harry Potter pour plusieurs raisons. Je ne les ai pas découverts assez jeune, mais assez vieux pour me rendre compte qu'il ne s'agissait pas que d'une mode : ils sont bien écrits, assez agréables pour être dévorés (j'ai lu les quatre premiers tomes en un mois) mais évitent des effets de style immédiatement ringards ou promis à être recopiés par une ribambelle de suiveurs, ce qui est déjà une preuve de bon goût. Et puis au-delà d'un univers attirant qui doit beaucoup au Seigneur des Anneaux pour de nombreux détails (les pierres magiques, les Détraqueurs, Sauron Voldemort etc), le lecteur est en face d'une suite incroyablement cohérente. Chaque personnage a une histoire, ils font partie d'une famille qui a sa propre route, ses secrets, et tout s'imbrique. Chaque tome développait sans cesse une intrigue où on ne l'attendait pas, inventive, surprenante, loin des histoires habituelles. Evidemment, des personnages attachants, avec lesquels des vrais liens se créaient, presque réels. Vu le succès et le phénomène, personne ne s'est trompé et c'est, je crois, amplement mérité.

La série de films n'a bien sûr pas cette chance. Elle a beaucoup d'attraits cependant : tous les acteurs principaux sont Anglais pour ajouter au réalisme du monde au départ, tous ont vieilli au rythme des livres, les adaptations ont été suivies de près par l'auteure. Mais divers réalisateurs se succèdent, diverses équipes, et tout n'est pas intéressant ou au niveau des livres. C'est à partir du troisième que les choses sérieuses commencent. Il restera le meilleur de la série, mais après ça, quelques scènes restent à sauver, et l'intégralité de ce septième film.

Je n'avais pas trop accroché aux deux précédents films, réalisés par le même David Yates, mais la patience paie car sur ce septième long-métrage, tous les points forts sont présents pour enfin atteindre une relecture à la fois fidèle et réussie du dernier tome. La photo y est magnifique. Les décors époustouflants, nus, angoissants, froids. Les scènes s'enchaînent facilement et sans temps mort : les temps morts, ça n'existe pas dans la réalité. C'est l'ennui. Or l'ennui est le grand ennemi du Scooby-gang de Harry. Désormais adultes, ils sont rattrapés par la réalité, partout, comme dans le métro du sixième film. Loin de Poudlard et de son décor de marché de Noël, les voilà à affronter le vide sans guide, sans père, sans appui. De nombreuses scènes marquent fortement : la course-poursuite de début, le film d'animation, le casse du Ministère de la magie qui fait tant penser à Brazil, le duel dans le café, l'annihilation de l'horcruxe. C'est ce qu'il manquait à David Yates.

La forêt n'est plus fantasmée comme un endroit magique peuplé de centaures ou d'araignées géantes, mais comme un désert dangereux, habité par les pires prédateurs possibles : les partisans de l'autre camp. Un camp qui a de fortes réminiscences historiques, n'hésitant pas à torturer et parodier des jugements, qui éradique salement ceux qui ne seraient pas purs. Finies, les bièreàbeurres et les sorties nocturnes avec la carte du maraudeur. Fini le banquet final à la Astérix. Finie, la rigolade, fini, le bal de promo. Maintenant, on danse sur O Children de Nick Cave en pensant aux illusions perdues, à ses parents qui nous ont oublié. La liberté n'a pas de mode d'emploi.

Les livres ont cette force de transformer un univers de contes et de magie dans un conte tout court, avec morale et actes ignobles, avec un développement qui ne se perd pas, des personnages qui évoluent et grandissent comme leur lecteurs, et comme leurs acteurs. Une vraie école, à laquelle on aurait tous aimé appartenir.